Avant, j’aimais le lundi.
mai 04, 2021Avant, j’aimais le lundi. En général, je passe ma fin de journée le dimanche, à faire mon ménage, mon rangement ... je change mes draps, je...
Avant, j’aimais le lundi.
En général, je passe ma fin de journée le dimanche, à faire mon ménage, mon rangement ... je change mes draps, je fais mes lessives, pour attaquer la semaine « comme il faut ». Parfois, si je me fais absorber par un joli sunset, je fais ça le lundi matin. Le rituel du dimanche, c’est aussi d’appeler mamie.
Avant, c’était le mercredi et le dimanche. Mais depuis sa chute en juillet, et son entrée en ehpad, c’est tous les dimanches, c’est notre rituel. Je sais qu’elle en a besoin; que ça lui fait du bien, mais à moi, encore plus. Mais ça, je ne le sais pas encore.
J’ai toujours aimé le lundi. J’aime commencer la semaine de bonne humeur , et me dire qu’elle sera meilleure que celle d’avant.
Dimanche, j’appelle donc mamie. Elle est en pleine forme, le raconte qu’elle a fait des progrès au Kiné, qu’elle a reçu ma carte postale, que maman vient de raccrocher. Je lui raconte ma semaine, et je lui dis que je vais prendre 3j, pour venir la voir avant Noël. Que je suis énervée contre l'ehpad, qui, malgré le fait que j’ai fait 3h de route la semaine précédente, seulement pour la voir, ne m’y a pas autorité . Alors, cette fois ci, je ne vais rien leur demander, et je vais venir la voir et lui offrir son cadeau de noël.
Je lui ai commandé un joli cadre avec une photo de gims et moi, et d’autres plus petits, pour qu’on puisse y mettre des photos de mes cousins, ma cousine, et ses filles. Pour que tous les jours, elle puisse voir les gens qui pensent à elle, malgré ce putainnn de covid qui nous empêche de la serrer dans nos bras.
Je finis mon ménage, on commande des pizzas avec mon copain de l’époque, je lui demande de me prendre en photo devant ma nouvelle voiture pour l’envoyer à mamie.
Lundi 14 décembre. En temps normal, j’ai une bonne mémoire, mais là, je suis incapable de savoir ce que j’ai faits ce jour là, cette matinée la, cette après midi là ...
J’ai passé un bon week-end, j’ai vu mes copines, j’ai passé de beaux moments avec mon mec.
La semaine commence bien, j’ai du travail, on est au bureau.
La semaine précédente, je me suis embrouillée avec ma maman, pour une histoire débile. On est chien et chat par moments.
Vers 16h, elle m’envoie « Coucou trésor. On s appelle ce soir si tu peux bisous, je t’aime fort ♥️ ». J’en profite pour lui demander , inconsciemment, mon groupe sanguin, car je l’oublie à chaque fois.
18h, on s’ouvre une bière avec les copains, puis ma mère m’appelle. En 3 secondes, je comprends.
Je ne me rappelle plus du reste, juste que mamie est parti. Qu’on ne sait pas pourquoi, pas vraiment ce qu’il c’est passé, mais qu’elle nous a quitté.
La veille, tout allait bien. Avant, j’aimais le lundi. Maintenant, je le redoute. Toutes les semaines, depuis 5 mois.
Dans mon Coeur, je n’ai que deux personnes essentielles à ma vie : ma maman, et ma mamie. On se prépare forcément au décès de nos grand parents, c’est « le cycle de la vie », j’aurais juste aimé, pourvoir m’y préparer, anticiper les choses, profiter de ma grand mère. Que cela ne se passe pas dans des conditions comme celles ci.
Je suis rentrée, j’ai pleuré, j’ai hurlé. Je suis allée à la pharmacie, prendre des plantes, et j’ai travaillé. Le lendemain, je n’ai pas compris, je n’ai pas réalisé, j’ai hurlé.
Je n’ai jamais eu autant mal de toute ma vie . Je ne connaissais pas cette douleur, qui te broie le Coeur, qui te fait tomber, hurler.
On est parti en Espagne, avec mon mec.
Du rhum, beaucoup. Des litres de larmes, un soutien sans failles, avant de prendre la route pour un dernier au revoir.
Des centaines de fleurs, des visages familiers, un diacre avec les bonnes paroles, et surtout, un grand soleil, à l’image de ma mamie Simone.
Ma mamie, est un des piliers central de ma vie. C’est elle qui a aidé ma maman à m’élever dans les meilleures conditions. C’est mon soutien sans faille, depuis que je suis née. Depuis ce jour la, je ne cesse de repenser à nos bons moments, car il n’y a jamais eu de mauvais . Quand je pense au nombre de chocolats qu’elle as laissé fondre dans le jardin à pâques depuis que je suis bébé pour que j’en trouve des centaines comme par magie ..
Tous les midis ou elle venait me récupérer pour que je déjeune chez elle pendant l’école primaire Quand elle m’as acheté ma première carte SIM nrj mobile en cachette de maman pour que je puisse moi aussi avoir les Sms illimité . Quand elle venait me chercher au lycée tous les vendredis pour m’amener à l’entraînement de basket. Quand elle m’as offert mon premier grille pain pour mon premier appartement l’année de la terminale, rose, ma couleur préférée . Le nombre de fois où elle est venue nous chercher à la gare en rentrant de l’internat ou des fêtes de villages avec mes copines, mes sœurs.
J’ai eu honte. Honte de pleurer au moindre souvenir, de ne pas arriver à « faire mon deuil »
J’ai eu besoin, envie de fuir. Et je l’ai fais. C’est la chose que je fais le mieux . Prendre la fuite, quand ça ne va pas. J’ai dit à mon ami benjamin qu’il fallait que je parte, que j étouffais . 10j après, nous étions à la réunion, au soleil.
Ma mère m’a envoyé : trésor, la vie, c’est une succession de joie, de peine, et d’épreuves, il ne faut pas fuir. Il faut traverser la rivière. Tu as été ma force, je serai là tienne.
Je suis donc, rentrée à la maison.
Rien n'à changé . J’ai toujours autant mal au Coeur , dès que j’entends son prénom , dès que j’entends une personne parler de ses grands parents, dès qu’un souvenir me revient. Le dimanche soir, le lundi ...
Mais j’ai appris à vivre avec. Je ne supporte pas qu’on me dise « ça ira mieux avec le temps » car pour moi, ce n’est pas le cas , et je ne vois pas comment c’est possible . Mais n’apprend à vivre avec , cette faiblesse, qui je l’espère deviendra une force .
Les principales étapes d’un deuil :
le déni, la colère, la négociation, la dépression et, enfin, l’acceptation.
Je pense en être à l’étape 4. Dépression et douleur.
Après de longues semaine à être en colère, à hurler, à ne pas comprendre et encore moins accepter. Sens sont suivis les « terreurs nocturnes », plus vraies que natures.
Ma solution, là seule, et celle qui m’a aidé :
En parler. En parler sur Instagram tout d’abord. Avec honte au début, mais c’est ce qui m’a le plus aidé. Cela m’a permis de comprendre mes peines, de voir que je ne suis pas seule, et que mon comportement est normal. Et puis, d’en parler avec un professionnel de la santé, pour mettre des mots sur mes maux , et donc, accepter. Accepter que cela prend du temps, que c’est normal, et que le temps , fera son travail.
Je finis avec ce texte, que j’aime beaucoup.
La mort n'est rien : je suis seulement passé, dans la pièce à côté.Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné. Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait, n'employez pas un ton différent. Ne prenez pas un air solennel ou triste. Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi. Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre. La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Avant, j’aimais le lundi.